• Le Met, au coeur du Lincoln Center for the Performing Arts.

    L'Art et la danse

    Lincoln Center for the performing Arts (New-York)  Le Metropolitan Opera 

     

        

          Située sur la 14ème rue, l'Academy of Music qui ouvrit ses portes le 2 Octobre 1854 et que le New-York Times décrivit comme un "triomphe" dans le domaine de l'acoustique mais "une véritable catastrophe" dans celui de l'architecture, était au XIXème siècle le seul opéra de la ville que l'éditeur du New-York Tribune et fondateur du parti républicain, Horace Greeley (1811-1872) n'affectionna pas particulièrement non plus, allant même jusqu'à s'enquérir de la somme à payer pour le faire incendier et ajoutant: "Si le prix est raisonnable, faites le et envoyez moi la note..."


    L'Art et la danse

     Academy of Music- 14th Street  (1859)


        Lieu de rendez vous de la haute société new-yorkaise qui y imposait des règles subtiles que la romancière Edith Wharton (1862-1937) décrit avec finesse dans son roman The Age of Innocence (Le temps de l'Innocence - 1920), l'Academy of Music était le domaine des plus anciennes familles qui avaient accès aux meilleures loges d'où l'on pouvait le mieux voir et être vu, les nouveaux riches de l'époque, les Morgan, Astor ou Vanderbilt n'y ayant pas leur place; et en 1883, lassés de telles brimades, ces derniers décidèrent d'un commun accord de financer la création d'un nouvel opéra, le premier Metropolitan Opera de New-York.

        L'aventure débute très exactement le 22 Octobre 1883 lorsqu'au 1411 Broadway, sur un terrain occupant tout l'espace entre la 39ème et la 40ème rue, est inauguré "The yellow brick brewery" ("La brasserie en briques jaunes") surnom que s'acquit l'édifice par l'aspect industriel de son architecture extérieure.
        L'oeuvre de Josiah Cleveland Cady (1837-1919), ornée d'arcades est bientôt flanquée par deux tours qui viennent offrir non seulement de l'espace supplémentaire, mais également des revenus avec leurs bureaux que le théâtre met en location.

     

    L'Art et la danse

    Metropolitan Opera -   Broadway  (1905) 

     

        Officiellement inauguré avec une représentation du Faust de Gounod, le Metropolitan Opera est détruit par un incendie le 27 Août 1892, entrainant l'annulation de la saison tandis que les lieux seront réhabilités sur leur site d'origine.
        Mais ce sont les architectes Carrère et Hastings qui lors d'une campagne de rénovation donnent en 1903 à la salle son aspect légendaire avec son rideau en satin damassé doré et les noms des six compositeurs inscrits sur l'avant-scène: Gluck, Mozart, Beethoven, Wagner, Gounod et Verdi. Le dernier changement majeur y sera finalement apporté en 1940, lorsque la propriété de l'Opéra, échappant aux riches familles qui occupaient les loges privées, revient à la gestion du Metropolitan Opera (le Met) qui convertit le second balcon de loges en rangées de fauteuils afin d'augmenter la capacité d'accueil et que seul subsiste alors le premier balcon du "golden horseshoe" ("fer à cheval doré") comme vitrine de la haute société...

     

    L'Art et la danse

    L'ancien Metropolitan Opera -  New-York

     

        Si le théâtre était réputé pour son excellente acoustique et l'élégance de son intérieur, l'aménagement des coulisses se montra très vite inadapté à des productions importantes, et il n'était pas rare de voir régulièrement appuyés contre le bâtiment le long de la 39ème rue, des éléments de décors que les machinistes venaient chercher pendant le spectacle.

        Divers plan furent élaborés afin d'offrir une nouvelle résidence à l'opéra, et plusieurs architectes dont Joseph Urban avancèrent différents projets. Parmi les sites proposés figurèrent Colombus Circle (le lieu d'où sont mesurées toutes les distances à partir de New-York), ou encore le Rockfeller Center, dont l'Opéra aurait constitué le noyau principal.

         Aucune de ces études ne fut cependant retenue, et c'est la construction du Lincoln Center for the Performing Arts qui permit la construction d'un Opéra moderne.
        C'est en 1955, alors que la Juilliard School et le New York Philarmonic étaient également à la recherche de nouveaux locaux que l'on parla pour la première fois de créer un grand centre culturel pour l'opéra, le théâtre et le ballet. Dans cette optique, John Davison Rockefeller III (1906-1978) institua en 1956 une commission qui amena la ville à acheter un terrain de quelques cinq hectares dans le sud de l'Upper West Side, un secteur en décrépitude alors principalement composé d'immeubles désaffectés et de hangars.

        Le plan de rénovation fut confié au célèbre urbaniste Robert Moses (1888-1981), le "Baron Haussmann" américain à qui l'on doit une grande partie de la conception urbaine de New-York, et l'ensemble qui s'étend aujourd'hui sur 6 hectares entre Broadway et Amsterdam Avenue (fondée par une poignée de colons hollandais, New-York s'appela à l'origine New-Amsterdam) reçut le nom du quartier, Lincoln Square.
        A l'époque de la création du district, en 1906, la municipalité s'était appliquée à expliquer largement que ce patronyme était celui de l'un des propriétaires à qui avaient été achetés les terrains... Cependant aucun document d'archive ne fait mention d'un quelconque monsieur Lincoln parmi ces transactions... et l'on s'accorde à penser qu'il s'agissait en l'occurrence d'un pieux mensonge destiné à ne pas contrarier le maire d'alors, George Brinton Mc.Clellan Jr. (1865-1940), dont le père, général en chef de l'armée des Confédérés pendant la Guerre de Sécession avait été un farouche rival d'Abraham Lincoln!.. Il est donc possible de penser très raisonnablement que ce choix du nom de Lincoln dont l'origine n'a jamais été officiellement reconnue est bien en réalité un hommage a l'ancien président des Etats Unis...

     

    L'Art et la danse

     Abraham Lincoln (1809-1865)
    "De même que je refuse d'être un esclave, je refuse d'être un maitre". 


        Le "vieux Met" ferma définitivement ses portes le 16 Avril 1966 lors d'un dernier gala, et en dépit d'une campagne de sauvegarde les lieux ne réussirent pas à être classés monuments historiques et furent rasés l'année suivante, remplacés par un immeuble de bureaux destinés à fournir des revenus réguliers au théâtre qui s'élève aujourd'hui au coeur du Lincoln Center.
        Oeuvre de l'architecte Wallace K.Harrison (1895-1981) qui conçut également le siège des Nations Unies, le bâtiment doté d'une colonnade de cinq arches stylisées en marbre blanc et d'une façade en verre formée de rectangles irréguliers occupe le fond de la Lincoln Center Plaza ornée en son centre d'une fontaine en marbre noir, laquelle présente depuis les récentes rénovations un véritable show chorégraphié par la même compagnie qui mit en place les légendaires fontaines du Bellagio à Las Vegas et dont le final a de quoi surprendre le spectateur si l'eau n'est pas son élément favori...

     

    L'Art et la danse

      

        Le Met s'enorgueillit tout particulièrement de magnifiques lustres en étoiles en cristal autrichien et de sculptures de Maillol (1861-1944)

     

    L'Art et la danse

     

        ainsi que, joyaux du hall d'entrée, deux oeuvres monumentales de Marc Chagall (1887-1985): Les Sources de la Musique et Le Triomphe de la Musique. Ce dernier croyait, disait-il en "Dieu, Mozart et la couleur"... Mais le directeur du Met croyant, lui, en Mozart, Chagall et le tiroir-caisse a donné les célèbres mosaïques en gage afin d'obtenir en 2009 un prêt important...

     

    L'Art et la danse

    Marc Chagall au Met devant ses mosaïques 

     

        La salle fut inaugurée le 16 Septembre 1966 avec la première mondiale d'Anthony et Cleopatra de Samuel Barber (1910-1981, célèbre pour son Agnus Dei utilisé pour les funérailles d'Etat et les services commémoratifs publics des Etats Unis), et arborant toujours le légendaire rideau or en soie damassée le plus grand du monde, peut recevoir près de 4000 spectateurs.

     

    L'Art et la danse

    Metropolitan Opera - Le rideau de scène.  

     

        Lorsque la saison lyrique est terminée, les spectacles d'opéra font place aux compagnies de ballets étrangères en tournée ainsi qu'aux productions de l'une des trois grandes compagnies américaines, l'American Ballet Theater (ABT) fondé en 1937 par Lucia Chase (1907-1986) qui s'est donné pour vocation première de reprendre et de remonter les grands ballets classiques sur le sol américain, une politique qui prit véritablement de l'ampleur en 1980 avec la nomination au poste de directeur artistique de Mikhaïl Baryshnikov (1948- ). Première compagnie américaine à se produire en Union Soviétique en 1960, l'ABT possède aujourd'hui à son répertoire des oeuvres de Fokine, Massine, Nijinska, Balanchine, Antony Tudor et Alvin Ailey.


    Michele Wiles et David Hallberg de l'ABT interprètent un extrait du Grand Pas Classique.

     

          Fermant la Plaza sur le côté Nord, s'élève à la droite du Met, l'Avery Fisher Hall qui accueille le célèbre New-York Philarmonic et s'enorgueillit d'un orgue impressionnant de 5500 tuyaux (mais dont par contre l'acoustique de la salle était au départ tellement mauvaise qu'aucun orchestre de passage ne voulait y jouer). D'inspiration néo-classique comme le reste des bâtiments il fait face au David Hamilton Koch Theater qui occupe le bord Sud de l'esplanade et fut spécialement aménagé selon les désirs de George Balanchine pour être le lieu de résidence du New-York City Ballet (les lieux accueillent également le New-York City Opera).

     

    L'Art et la danse

    Lincoln Center Plaza avec au centre le Metropolitan Opera, l'Avery Fisher Hall à droite et le David Hamilton Koch Theater à gauche.

     

        Dessiné par l'architecte Philip Johnson (1906-2005), le David Hamilton Koch Theater, dont le foyer est orné d'une immense peinture murale de Jasper Johns (1930- ), Numbers-1964, et le plafond de la galerie au premier étage décoré à la feuille d'or, ouvrit ses portes le 23 Avril 1964 et s'appelait à l'origine The New-York State Theater. Mais en Juillet 2008, le philanthrope milliardaire David Hamilton Koch offrit 100 millions de dollars pour sa rénovation et son entretien, et demanda en échange que le théâtre porte son nom pendant 50 ans... Après quoi il sera rebaptisé, la famille gardant toutefois le droit de refuser un nom qui ne lui conviendrait pas...

     

    L'Art et la danse

     David Hamilton Koch Theater  - L'atrium

     

        Le New-York City Ballet, la compagnie résidenteest né du rêve d'un homme, Lincoln Kirstein (1907-1996), dont l'ambition était de créer un corps de ballet essentiellement américain, avec de jeunes danseurs formés à exécuter un répertoire moderne, et lorsqu'il rencontre George Balanchine (1904-1983) à Londres en 1933, il sait qu'il a trouvé l'homme de la situation.

     

    L'Art et la danse

    Lincoln Kirstein (à gauche) et George Balanchine (à droite)  - 1933

     

        Cependant le projet ne se concrétisera pas immédiatement car au milieu de diverse difficultés plusieurs compagnies seront consécutivement formées et dissoutes, et la Première Guerre Mondiale mettra momentanément un terme à leurs efforts. The Ballet Society voit enfin le jour dès la fin des hostilités et portera bientôt son nom définitif de New-York City Ballet lorsqu'il s'établit au New-York City Center (1948-1966). En 1948 Balanchine invitera Jerome Robbins à l'assister, puis ce dernier partagera ensuite la direction avec Peter Martins qui depuis 1990 est le seul responsable.

        Le New-York City Ballet (NYCB) a dans son répertoire quelques 150 oeuvres principalement chorégraphiées par George Balanchine dont il préserve les idéaux avec sa troupe de 90 danseurs, la plus importante d'Amérique, tous issus de l'école officielle du NYCB, The School of American Ballet (S.A.B.) également située au Lincoln Center dans le Samuel B. and David Rose Building. 

     

    Extrait du DVD "Bringing Balanchine back", récit de la tournée des héritiers spirituels de George Balanchine à St. Petersbourg en 2003, à l'occasion du tricentenaire de la fondation de la ville où le père du NYCB découvrit la danse.

     

        Construit pour réhabiliter le quartier de l'Upper West Side qui, malgré la proximité de Central Park n'avait rien de son vis à vis huppé côté Est et que sa décrépitude fit choisir comme cadre du tournage du célèbre film West Side Story, le Lincoln Center for the Performing Arts fut longtemps décrié par certains au moment de sa construction. Mais comme l'avaient très judicieusement prévu ses concepteurs, le complexe qui réunit aujourd'hui le long de Columbus Avenue douze organisations et dix-neuf salles de spectacle, est devenu l'un des centres les plus importants consacrés aux arts de la scène et, dédié à l'excellence, se classe parmi les leaders dans le monde de la culture.

     

     "O mio babbino caro" (Puccini)  Interprété par Renata Tebaldi (1922-2004)

      


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    1
    Dona Rodrigue
    Mercredi 26 Octobre 2011 à 13:28

    Bonjour,

    Votre blog est un enchantement !!! merci. Dona

    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :